50 leçons de résilience de la Grande Crise de 1929

La Grande Dépression a été l’un des événements les plus traumatisants de l’histoire américaine. À la suite du krach boursier d’octobre 1929, la production industrielle s’est effondrée, le secteur de la construction s’est réduit à une fraction de ce qu’il était et des millions de personnes se sont retrouvées au chômage partiel ou sans emploi.

Jusqu’à la reprise économique de 1935, la vie de l’Américain moyen a été un véritable combat. Pour surmonter l’effondrement économique et la pauvreté extrême qui s’en est suivie, les gens ont dû s’adapter et acquérir de nouvelles compétences – ou en réapprendre d’anciennes.

Beaucoup de choses que les gens ont faites pendant la Grande Dépression ont encore beaucoup de sens aujourd’hui. Alors que notre économie semble vulnérable et que le risque d’un nouvel effondrement s’accroit chaque jour, serions-nous capables de faire face aussi bien que nos grands-parents et arrière-grands-parents ?

Voila 50 leçons de résilience tirées de la Grande Dépression de 1929 (d’après un article de Madge Waggy).  

Le travail

  1. Des familles entières se déplaçaient à la recherche d’un emploi. En restant ensemble, elles pouvaient se soutenir mutuellement tout en ne manquant pas d’opportunités d’emploi.
  2. Le travail agricole a été une bouée de sauvetage pour de nombreuses personnes. Les périodes de récoltes s’étalaient tout au long de l’année en fonction des cultures et il était toujours possible de trouver un travail de saisonnier pendant plusieurs mois.
  3. Les gens étaient prêts à essayer n’importe quel travail, quelles qu’étaient leurs compétences. Ils ne demandaient pas « Avez-vous du travail pour un… ? » mais tout simplement « Avez-vous du travail ?« . Ils étaient flexibles parce qu’ils n’avaient pas le choix.
  4. Tous les membres d’une famille étaient prêts à gagner de l’argent. Les enfants apportaient une contribution précieuse et l’âge de la retraite n’existait pas. Tous ceux qui pouvaient travailler le faisaient. Chacun contribuait comme il pouvait.
  5. Presque tout avait une valeur. Le bois flotté ramassé sur la plage peut être fendu et vendu comme bois de chauffage. La plupart des métaux peuvent être récupérés et vendus comme ferraille.
  6. Les programmes du « New Deal » gouvernemental ont créé de nombreux emplois dans le domaine des travaux publics pour créer des infrastructures. C’étaient des emplois fatiguant mais accessibles à de nombreuses catégories de population.
  7. Le taux de chômage n’a explosé que plusieurs années après le crash boursier de 1929. C’est en 1933 qu’il a été à son maximum. En 1929, la plupart des américains n’ont pas vu la crise économique venir aprés la crise financière.
  8. De nombreux emplois étaient passés à temps partiel, les employeurs cherchant à économiser de l’argent. Les gens occupaient souvent plusieurs emplois avec des journées souvent très longues.
  9. Beaucoup de chômeurs passaient leur journée à faire le tour des employeurs, à la recherche d’un emploi. Même une heure ou deux de travail pouvaient faire la différence.
  10. Les gens créaient des emplois pour eux-mêmes. Certaines femmes se levaient tôt pour préparer des dizaines de repas, qu’elles vendaient ensuite à l’extérieur des usines et des chantiers de construction.
  11. La flexibilité était un atout. Ceux qui connaissait un peu plusieurs métiers avait plus de chances de trouver du travail que quelqu’un qui était expert dans un seul domaine.
  12. Les agriculteurs prenaient des travailleurs qu’ils n’avaient pas les moyens d’embaucher et les payaient en nature avec des produits de la ferme.

Le logement

  1. De nombreuses personnes ont perdu leur maison. Les familles élargies – grands-parents, tantes, oncles – se sont retrouvées à vivre sous le même toit.
  2. D’autres ont été contraints de vivre dans leur voiture ou leur camion, en achetant des repas bon marché et en se lavant dans des gymnases ou des piscines publiques.
  3. Les sans-abris vivaient souvent dans des tentes ou des cabanes qu’ils avaient construits eux-mêmes. Avoir un endroit pour vivre, même rudimentaire, est mieux que de dormir dans la rue.
  4. Pour économiser l’énergie, les murs étaient isolés avec tout ce qui pouvait aider à conserver la chaleur en hiver : boue, journaux ou papier goudronné. Tout cela a permis de réduire les coûts de combustible.
  5. Les gens n’hésitaient pas à se couvrir chaudement à l’intérieur des maisons pour éviter de dépenser de l’argent dans du chauffage, ce qui laissait plus d’argent pour la nourriture.
  6. En été, les gens suspendaient des draps mouillés au-dessus des portes et des fenêtres. En s’évaporant, l’eau absorbait la chaleur de l’air, ce qui rafraîchissait légèrement la maison.
  7. Pour ceux qui avaient la chance d’être propriétaire au moment de la crise, un prêt sur hypothèque était un moyen de continuer à payer les mensualités et de libérer de l’argent pour les dépenses courantes.
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L’argent

  1. De nombreuses personnes ne voyaient que rarement de l’argent liquide ; des économies de troc se sont rapidement développées. Les petits travaux pouvaient être payés en lait, en légumes frais ou en fruits, surtout dans les zones rurales.
  2. Avec des millions de chômeurs, la mendicité était courante – et considérée comme du désespoir, et non comme un comportement antisocial. L’extérieur des restaurants étaient des lieux de prédilection pour mendier ; seuls les riches pouvaient se permettre d’y manger.
  3. À l’époque, les gens respectaient les banques, mais lorsque celles-ci ont commencé à fermer, la confiance s’est vite estompée. Personne ne savait quand la sienne allait fermer et les plus avisés gardaient leur argent liquide à la maison. Cette situation est similaire à celle de l’Argentine aujourd’hui qui vit une véritable crise de liquidité faute de dépôts bancaires.
  4. De nombreux magasins accordaient des crédits mais il arrivait souvent que les échéances de paiement ne soient pas respectées. Ils se contentaient de comptabiliser les sommes dues en espérant qu’elles seraient payées un jour. De nombreux magasins ont fait faillite à cause de cela.
  5. En 1929, le cours de l’or est stable à 20$/once puis diminue de 20% en 1930-1931 avant de remonter de 110%. Malheureusement, le Gold Reserve Act a rendu illégale la détention d’or en 1934 et les particuliers ont été obligés de tout revendre au cours de 1929. Détenir de l’or en cas de crise n’a servi à rien.

L’alimentation

  1. Disposer d’un potager faisait toute la différence. En 1929, 20 % des Américains vivaient encore dans des fermes ; beaucoup d’américains avaient aussi de grands jardins et savaient comment cultiver leur propre nourriture.
  2. La chasse et la pêche étaient les principales sources de protéines. La viande était chère, mais si vous pouviez en obtenir, votre régime alimentaire était nettement supérieur à la moyenne de la population. Les surplus de viande se prêtaient bien au troc.
  3. L’usage de la cueillette était très répandu. Les noix, les baies et les légumes sauvages aidaient à mettre les repas sur la table, et les enfants et les personnes âgées pouvaient se nourrir aussi bien que n’importe qui d’autre.
  4. À la campagne, la mise en conserve était une compétence essentielle. Un garde-manger bien garni était à la fois une source de fierté et une réserve vitale pour l’hiver.
  5. Les gens ont appris que l’on peut manger presque n’importe quoi si l’on a suffisamment faim. Le virevoltant (boule végétale sèche entrainée par le vent) était utilisé comme fourrage pour le bétail, puis les gens ont découvert qu’il pouvait aussi être mangé. Les jeunes plantes sont les meilleures.
  6. Aucune partie d’un animal n’était gaspillée. Les abats étaient frits, bouillis ou transformés en viande hachée. Même les pattes de poulet pouvaient être bouillies pour donner du goût à un bouillon.
  7. Un peu de lard donnait de la saveur à presque tout. Les couennes dures ou les extrémités sèches d’un morceau de bacon pouvaient être bouillies – et les bouchers les vendaient pour quelques centimes.
  8. Les communautés divisaient les terrains vagues et les parcs en potagers familiaux. Les femmes et les enfants passaient une grande partie de leur temps à cultiver des aliments.
  9. Pour varier leur alimentation, les gens échangeaient les produits qu’ils cultivaient avec leurs amis et voisins.
  10. Les repas étaient préparés à partir de rien – il n’y avait pratiquement pas d’aliments préparés dans les magasins. Les recettes étaient plus simples et moins chères à réaliser que celles d’aujourd’hui.
  11. Les magasins fermaient le dimanche, de sorte que les produits frais qui auraient été périmés le lundi étaient vendus à bas prix le samedi en fin de journée. Les gens se précipitaient pour faire de bonnes affaires.
  12. Posséder du bétail était un atout majeur. Si vous aviez une vache ou même quelques poules, vous étiez assis sur une mine d’or. Le lait et les œufs contribuaient à votre alimentation et pouvaient être échangés.
  13. La viande et les produits laitiers étaient chers ; le pain, les pommes de terre et les nouilles étaient bon marché et rassasiants. Les gens complétaient leurs repas avec des céréales et des légumes secs. Le saindoux ou la graisse de bacon ajoutaient de la saveur.
  14. La soupe était un repas populaire. Elle cale un estomac affamé et son principal ingrédient est l’eau. Presque tout peut être transformé en soupe : les haricots, les pommes de terre et même le pain rassis.
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Les vêtements

  1. Les chaussures étaient raccommodées à l’infini. Les trous dans la semelle étaient réparés avec du cuir provenant de ceintures ou de sacs à main usagés. Des semelles complètes étaient découpées dans de vieux pneus.
  2. Les gens ont appris à fabriquer et à réparer des vêtements. On pouvait utiliser n’importe quel tissu. Les familles rurales fabriquaient des vêtements à partir de sacs de nourriture. Une femme a transformé la doublure en tissu d’un cercueil en robes pour enfants.
  3. Evidemment, l’art de la mode a disparu. Les gens préféraient utiliser leurs vieux vêtements et dépenser leur argent pour la nourriture.
  4. Lorsque les enfants devenaient trop grands pour leurs vêtements, ils étaient transmis à leurs frères et sœurs plus jeunes ou donnés à des personnes qui pouvaient les utiliser.
  5. Les très vieux vêtements étaient découpés pour en faire des chiffons afin d’en tirer un meilleur parti. Pourquoi dépenser de l’argent pour des époussettes et des chiffons de nettoyage alors que les chiffons font tout aussi bien l’affaire ?

Société

  1. Malgré quelques protestations, peu d’américains revendiquait le droit à bénéficier d’une aide sociale. Les gens comprenaient que le gouvernement était complètement dépassé par la situation et qu’ils devaient travailler aussi dur que possible pour survivre.
  2. D’un autre côté, les gens étaient prêts à aider ceux qui essayaient mais qui avaient du mal. Ils savaient qu’ils pourraient être les prochains à avoir besoin d’aide, alors la plupart d’entre eux donnaient tout ce qu’ils pouvaient.
  3. Les communautés se sont rapprochées, se sont soutenues mutuellement et ont organisé des dons de nourriture ou d’argent à ceux qui en avaient le plus besoin.
  4. De nombreuses villes ont mis en place des systèmes de prêts sociaux. De l’argent pouvait être prêté aux personnes qui en avaient besoin, mais il devait être remboursé. Des registres détaillés gardaient en mémoire ce qui était dû par chacun.
  5. La volonté de travailler dur et de faire ce qui est en son pouvoir pour soutenir la communauté était plus appréciée que l’individualisme et l’indépendance.
  6. Les gens apprenaient à garder une vision positive de la vie. D’une part car ils se rendaient compte qu’ils pouvaient presque tout perdre et continuer à vivre malgré tout. D’autre part parce qu’ils avaient la mémoire longue de leur Histoire. C’est ainsi que le Président Roosevelt déclara : « Nous ne sommes pas envahis par des nuages de sauterelles. Si l’on compare nos difficultés avec les périls que nos ancêtres ont réussi à surmonter, parce qu’ils avaient la foi et ignoraient la crainte, nous n’avons pas à nous plaindre. La nature est toujours généreuse, et les efforts de l’homme ont permis de multiplier ses dons ». Le misérabilisme n’était pas de mise.
  7. Bizarrement, de nombreuses personnes qui ont vécu la Grande Dépression en parlent avec fierté car, même si cette période fut extrêmement dure pour la plupart des Américains, ce fut aussi une période pendant laquelle ils se sont montrés solidaires et ont appris à relever de nombreux défis pour survivre ensemble.
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