La résilience, un truc de survivaliste ?

Image par jhfl de Pixabay

Quand on effectue une recherche sur internet, la notion de résilience est surtout abordée sous l’angle de la résilience psychologique popularisée par la neuropsychiatre Boris Cyrulnik.

Autant vous prévenir tout de suite, ce n’est pas du tout le sujet de ce blog !

La résilience c’est quoi ?

Larousse donne la définition suivante : « Capacité d’un système à continuer à fonctionner, même en cas de panne ». La résilience est donc une capacité qu’on peut développer (et ce blog milite en ce sens !) pour limiter l’impact d’une perturbation externe.

Cette perturbation externe peut prendre des formes très diverses : perte d’un emploi, maladie, agression, événement économique, situation de crise majeure telle qu’une émeute ou une pandémie, etc.

Les champs de la résilience peuvent être très variés, par exemple :

  • Alimentaire: capacité à pouvoir continuer à boire et à manger dans une situation où les ressources ne sont plus facilement accessibles. Plus largement, ce champ recouvre la capacité à pouvoir se procurer des biens essentiels dans un contexte perturbé.
  • Financier: capacité à pouvoir faire face à une perte de revenu liée, par exemple, à un licenciement, un décès ou à perte de valeur brutale de la monnaie fiduciaire.
  • Sécuritaire: capacité à pouvoir maintenir l’intégrité de sa famille ou de ses biens dans un contexte sécuritaire dégradée.

Vu comme ça, une démarche de résilience ressemble furieusement à une approche survivaliste de l’existence. Mais ce n’est pas si simple.

Un dispositif de résilience : le potager

Comprendre la « gestion des risques »

J’ai travaillé pendant 12 ans en tant que chef de projet et un des processus les plus importants de cette discipline est la « gestion des risques ». Pour faire court, la gestion des risques consiste à identifier puis estimer les risques qui existent sur un projet et à prendre ensuite une décision : soit on traite ce risque pour l’éliminer, soit on le réduit, soit on le transfère (à une assurance par exemple), soit on l’accepte tel quel (on ne fait rien). Ce sont les 4 options du chef de projet : control, reduce, transfert, accept.

Engager un démarche de résilience, c’est tout simplement mener cette analyse de risques pour le projet le plus important de tous : votre propre vie. Vous identifier les risques qui pèsent sur votre foyer, vous estimez leur probabilité et leur impact (c’est la « matrice des risques » que je développerai dans un autre article) et vous décidez ensuite des mesures à prendre.

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Prenons par exemple le risque de perdre votre emploi. Si vous êtes fonctionnaire, la probabilité de ce risque est faible. Au pire vous serez placardisé. Si vous avez déjà un patrimoine conséquent, l’impact d’un licenciement ne sera pas trop important pour vous.

Mais si vous n’êtes dans aucune de ces deux situations, vous devez envisager ce risque car sa probabilité de réalisation n’est pas nulle et son impact potentiellement important.

Gestion des risques

Image par Foundry Co de Pixabay

Vous pouvez supprimer ce risque en passant, par exemple, un concours de la fonction publique pour devenir fonctionnaire. Vous pouvez le réduire en vous faisant embaucher par un grand groupe aux poches profondes et/ou en vous rendant indispensable au sein de l’entreprise.

Vous pouvez réduire son impact en ayant une réserve financière suffisante qui vous laisse le temps de vous retourner, en créant d’autres sources de revenus ou en devenant autosuffisant pour vos ressources essentielles (notamment la nourriture).

Vous pouvez aussi le transférer en prenant une assurance chômage.

Comme vous le voyez, on ne parle pas ici d’une crise majeure qui touche soudainement des millions de gens mais d’un événement banal et malheureux qui arrive tous les jours.

La loi de Poisson où comment l’improbable devient probable

Libre à vous de vivre avec l’idée que ça ne vous arrivera jamais (ce qui équivaut à « accepter » le risque) et c’est peut-être vrai. Mais pensez que votre vie professionnelle s’étalera sur au moins 40 ans et que même si le risque est faible chaque année, cette durée fait qu’il n’est guère improbable à l’échelle d’une vie.

Illustrons ça avec un exemple. Le secteur privé emploie environ 22 millions de salariés et chaque année, on dénombre 800 000 licenciements environ soit 3,6%. Si vous êtes salarié du secteur privé, 3,6% est donc votre probabilité annuelle théorique d’être licencié. Admettons que vous bénéficiez d’une situation favorable (diplôme, employeur, qualités personnelles, etc.) et que votre risque se réduit à 1% par an.

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Cela semble infime mais sur une durée de 40 ans de vie professionnelle, votre probabilité de subir au moins un licenciement est donnée par une formule appelée « loi de Poisson » : P=1-exp(-40×1/100)=0,33 soit 33%. Ce n’est pas rien n’est-ce pas ?

Gerd Altmann de Pixabay

De manière générale, les survivalistes ont une gestion des risques basée sur des événements à fort impact global (effondrement économique, famine, pandémie, guerre civile, accident nucléaire, catastrophe écologique, etc.). Ils estiment que la probabilité d’un ou plusieurs de ces événements est suffisamment grande pour nécessiter une démarche spécifique de préparation.

Une démarche de résilience peut intégrer des scénarios de crise majeure s’ils sont pertinents mais elle doit être plus globale et prendre aussi en compte les risques individuels qui ont une probabilité d’occurrence largement supérieure. A l’échelle d’une vie, vous avez sans doute plus de chance de vivre un licenciement ou un accident grave qu’une catastrophe nucléaire !

Si vous souhaitez vous engager dans une démarche de résilience, commencez donc par réfléchir à ces risques « individuels » qui peuvent menacer votre foyer avant d’envisager des scénarios catastrophe. Et si le cœur vous en dit, partagez les dans les commentaires, ce sera l’occasion d’en discuter ensembles !

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